Jour 1 – Narudi Tanzania (Je reviens en Tanzanie)

C’est parti mon Kili

J’ai eu un début d’été chargé et peu de temps pour réaliser. Mais j’y suis, comme l’année dernière. Dans un avion qui m’emporte pour un mois, seule, vers un pays dont je ne connais que quelques rues de centre-ville, quelques routes de campagne, quelques habitants isolés.

J’ai peur d’être déçue. J’ai peur de passer une nouvelle fois à côté des grands parcs sans y entrer, au pied du Kilimandjaro sans le voir, à cause d’un budget trop petit, d’une météo peu clémente. J’ai peur que quelqu’un meure pendant que je suis loin, comme l’année dernière. C’est irrationnel.

Ce point du monde…

Pourtant cette fois c’est différent. Depuis l’année dernière, je suis en relation avec Ally, le directeur d’une agence locale à Moshi. J’ai appris l’organisation d’un safari, les tarifs, les excursions à Zanzibar, l’équipement pour grimper le Kili. D’ailleurs, maintenant, je dis le « Kili », pour aller vite, mais j’aime pas ça. Ça lui enlève de la noblesse. On est pas si intime. Pas encore.

L’heure de la pratique a sonné. J’ai un peu plus de budget que l’année dernière, un peu plus de gens qui m’attendent sur place. J’ai envoyé une dizaine de voyageurs français, belges, canadiens auprès de l’agence, j’ai récolté leurs commentaires à leur retour. Tous ont été satisfaits des prestations, de la nourriture, de l’accueil, de la gentillesse de l’équipe. Alors j’ai eu envie de me lancer vraiment dans l’aventure; d’établir un vrai partenariat avec l’agence de Moshi. Et de voir par moi-même comment ça se passe en vrai.

Un autre trajet

Istanbul

Tiens, cette fois, j’essaie Turkish Airlines. Après tout, il faut aussi que je teste les compagnies aériennes! Le coucher de soleil sur Istanbul me plonge dans cette béatitude du voyageur qui ne sait pas ce qui l’attend à destination, mais confiant, range dans sa mémoire des instantanés du trajet en lui-même. L’art de voyager de Montaigne! De nos jours, on est si pressés d’arriver qu’on oublie de rêver en route.

Je ne reverrai pas Eunice à Nairobi cette année. J’atterris à Dar es Salaam, à trois heures du matin. La file d’attente pour les visas n’en finit pas. Ally a tenu à m’accueillir à l’aéroport. Il a donc passé la journée dans le bus pour venir de Moshi, et maintenant il m’attend au milieu de la nuit, le pauvre!

Dans le hall d’arrivée, son visage s’éclaire en me voyant. On est si contents de se retrouver! Après un an de conversations sur Skype pour qu’il m’aide à établir des devis, faire des propositions intéressantes pour les clients comme pour l’agence, parler de chiffres, de listes de matériel, des animaux, des paysages, d’hôtels, de 4×4, des différentes ethnies…

On prend un taxi pour la chambre d’hôtel qu’il a réservée.

« Ah, on dort dans la même chambre?

– Ben oui c’est moins cher, et puis il y a deux lits, et chacun sa moustiquaire »

C’est parti! Je mets en route toutes les qualités requises: capacité d’adaptation, patience, courage, auto-persuasion. Quatre semaines sans problème avec un monsieur que je connais à peine, c’est possible!

Et ce fût possible mais non dénué d’embûches ! Utilisation malicieuse d’un passé simple pour rappeler au lecteur que le récit de ce nouveau voyage ne se fait pas en direct. Il s’est déroulé en août-septembre 2012. Et je me délecte à le revivre en écrivant. Bienvenue dans le tome II !

1. Et pourquoi en Tanzanie?

Question récurrente! Je bafouille toujours une réponse improbable, parce que, soyons honnête, je n’en sais rien.

« Pour la faune sauvage, les arbres, les tribus… parce que « Le Lion » de Kessel est une lecture d’enfance peut-être…

– Ben oui mais ça se passe au Kenya, alors pourquoi pas le Kenya?

-…

-Hein? Pourquoi en Tanzanie?

-Heu, Jules Verne aussi c’est un livre que j’aimais bien, il fait partir les héros de « Cinq semaines en ballon » de Zanzibar, et survoler la savane et le lac Victoria…

– Oui mais bon, ils survolent aussi le Tchad et ils atterrissent au Sénégal.

-Le tourisme en Tanzanie c’est moins cher qu’au Kenya…

-Non.

-Le Roi Lion ça se passe dans le Ngorongoro non?

– Ben tiens et comment tu peux savoir ça?

– C’est un truc que je sens, tu vois… le rocher de Mufasa, il domine une immense plaine, ça ne peut être que le fameux cratère… »

Bref, j’ai eu l’argument bancal mais à présent je sais quoi répondre:

C’est là qu’on parle l’authentique kiswahili, c’est donc l’idéal pour mon apprentissage de la langue.

Mais au fond, parfois, je crois qu’il n’y a pas d’autre explication qu’une envie profonde de partir pour une destination précise. Et d’y retourner!

En attendant,  voici mon expérience tanzanienne. N’hésitez pas à commenter mes posts, que vous connaissiez bien la Tanzanie ou que vous n’y ayez jamais mis l’orteil. Ca me fera plaisir!