Jour 3 – Voyage vers le nord

Le bus Dar-Moshi

Nous voilà partis pour 7 heures de bus qui n’ignore aucune anfractuosité de la route…

Nous entrons donc à l’aube dans ce vestige des années 80, coincés à trois par rangée, et je me retrouve contre une fenêtre qui ne ferme plus tout à fait. Toutes les deux minutes, je vais devoir pousser la vitre qui s’ouvre avec les secousses, pendant sept heures, soit 210 fois pendant le trajet? Finalement, je m’endors, et laisse la fenêtre ouverte.

Usambara Mountains

Usambara Mountains

Nous passons devant les Monts Pare, d’où est originaire Ally, avant les Usambara Mountains. Il tient à m’y emmener plus tard pour rencontrer son père et sa belle-mère avec qui il vit. Ally est contre la polygamie pour lui-même, mais tolère que son père ait eu cinq femmes. Il a décidé de passer ses vieux jours avec la deuxième d’entre elles.

Chaque fois que le bus ralentit, une horde de vendeurs se précipitent aux fenêtres. Biscuits, sodas, noix de cajou dans des corbeilles ou des glacières, il faut être rapide: sortir l’appoint, négocier, attraper les produits sans les faire tomber… parfois les vendeurs sont obligés de courir après le bus pour finir la transaction!

Le chauffeur annonce une pause dans une sorte de restoroute à l’africaine, enfin. Là encore il faut s’organiser, car on n’a que… dix minutes! Pendant que je vais aux toilettes, On commande deux thés au lait et des samboussas (samossas). Le thé est brûlant, on n’a pas le temps de finir que le chauffeur claxonne déjà comme un fou furieux.

Vers la bifurcation pour Tanga, on traverse de grands champs d’orangers. Les deux premières récoltes sont pour les propriétaires des cultures, mais ils laissent la dernière aux vendeurs de bord de routes. Il y en a de belles, on en prendra en redescendant vers Dar dans trois semaines. A savoir: un filet de 2kg, c’est maximum 3000 Tsh (1,5€) , et il faut les choisir bien grosses!

Vente des oranges

Vente des oranges

Moshi

Nous arrivons à la gare routière de Moshi, où nous sommes assaillis comme dans chaque gare par les vendeurs de tickets de bus, les rabatteurs pour les taxis, et les flycaughters qui travaillent pour les agences et les galeries d’artisanat. Mais la Mzungu ne vient pas en touriste! L’agence de voyage d’Ally se situe quelques rues plus loin, et nous pressons le pas. School Street, nous y voilà!

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Samweli Lucasi & Happy Peters au bureau

Les membres de l’agence que j’avais brièvement rencontrés l’année dernière, vont devenir au cours de ce séjour des personnes extrêmement familières. Sam est le cuisinier principal de l’agence, mais il épaule surtout Ally à la direction. Happy s’occupe de l’accueil des clients.

Japhary

Japhary

Il y a également Japhary, chargé de réunir l’équipement de montagne ou de safari. Voilà pour l’équipe permanente. Après une bonne portion de traditionnelle « chipsi maiai » (patates aux oeufs ou omelette aux frites, j’hésite pour la traduction), nous rentrons dans le quartier de Passoa, où Ally loue une maison de deux pièces. Confirmation: nous allons partager sa chambre, il y a deux lits avec moustiquaires. Sa maison est très sommaire: des néons blancs en guise d’éclairage (j’ai dit que la lumière des néons me déprime?), et dans l’autre pièce, un canapé, une télé, une bouilloire, un frigo (pas branché). A l’extérieur, il y a une pièce d’eau qui fait douche et wc au même endroit; faudra s’habituer… Il n’est pas facile de faire tourner une agence, et je vois bien qu’Ally se paie au minimum et préfère investir dans sa compagnie, afin qu’un jour elle soit plus prospère.

Nous sommes vendredi 17 août, et Ally m’annonce que mercredi prochain, je pars en safari.

Jour 13: La cascade

La colline

Comme promis, Boni et un copain m’emmènent voir les cascades. Derrière l’hôpital, un sentier monte dans la forêt, traversant de temps à autre la cour d’une ferme isolée. Nous saluons les personnes âgées d’un « Shikamoo » auquel ils répondent « Marahaba » ( « Je te baise les pieds – merci »), et les plus jeunes d’un simple « Jambo ». Boni court comme une chèvre, mais je ne me laisse pas distancer.

Une petite longueur d’avance!

La forêt est dense, verte et humide, et comme mes guides, je bois l’eau des rivières sans appréhension. Boni est prêt à parier que nous allons voir des singes; quant à l’espèce, il ne connaît que le nom swahili, mais il semble que ce soit de petits singes qui vivent très haut dans les arbres immenses qui nous entourent.   Bon, autant dire tout de suite que nous les entendrons mais ne les verrons pas.

Nous empruntons parfois des sentiers très minces, à flanc de colline, où une chute serait mortelle. « Pole pole, taratibu » me dit sans cesse Boni, « Doucement, attention! »

Money, money

Quand nous arrivons à la cascade, après 3/4 d’heure de grimpette, il est bon de se tremper les pieds et manger un peu. L’endroit est calme et la vue sur la plaine agricole, vertigineuse.

petite chute d’eau paisible

 Boni observe intensément l’eau du bassin où scintillent des paillettes dorées. Je lui demande pour rire s’il a trouvé de l’or, mais il répond très sérieusement que ce n’est pas impossible d’en trouver ici. Je crois que l’argent est une grosse préoccupation pour lui, et je suis étonnée qu’il m’ait emmené en promenade sans rien demander en échange. A cette pensée, je me sens mauvaise langue…

la vue sur la plaine

Plus tard, malgré nos pérégrinations et quelques repas pris ensemble, j’ai reçu un email de lui en rentrant en France, où il me demandait de financer ses études, rien que ça. J’ai décliné l’invitation, en lui expliquant que si je devais aider quelqu’un, je ferais passer mes nièces avant lui. Difficile pour les Wabongos d’imaginer qu’un Mzungu n’est pas riche. Enfin, qui ne tente rien… j’ai appris depuis peu qu’il a finalement réussi à se faire financer ses études par deux allemandes à qui il a servi de guide!

Bien joué l’artiste!

Pourvu qu’il les réussisse, ses études de droit, et qu’il devienne un haut magistrat, et qu’il lutte contre la corruption dans son pays!