Jour 12: Mwanga

Aujourd’hui Ally m’emmène faire la rencontre de son père et sa belle mère à Mwanga, au pied des monts Pare, à une centaine de kilomètres au sud est de Moshi.

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Ça me rappelle Ndareda, avec un peu plus d’activité. Mais ici il ne semble pas souvent y avoir de Mzungu qui s’arrête. Je suis une bête curieuse, et pourtant les passants ne me prêtent pas grande attention. Comme c’est bon et rare de se sentir une personne parmi d’autres!

Nous rendons visite au père d’Ally dans sa petite boutique. Il vend des chaussures depuis son plus jeune âge. Il a même eu un magasin à Mombasa, avant de revenir dans sa région natale. Ally m’explique qu’il a eu cinq femmes, dont la mère d’Ally qui est restée vivre au Kenya. Pour ses vieux jours, il a choisi de s’installer avec sa deuxième femme avec qui il a élevé le plus d’enfants.

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Ils vivent dans une maison grande mais simple, avec leurs deux filles et petits enfants. La mama nous prépare un samaki-ugali (poisson et foufou) puis nous allons nous promener dans les rues terreuses, à la rencontre des habitants, et finissons par l’échoppe de vêtements de la demi-soeur d’Ally.

on trouve de tout dans un bac à fleur!

on trouve de tout dans un bac à fleur!

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un abri pour les vaches

Les photos sont de très mauvaise qualité car j’ai volontairement oublié mon ostentatoire Nikon. Me balader sans appareil photo est assez libérateur: je ne me sens pas l’obligation de capturer le plus beau regard sous le plus bel angle. Là, j’ai un téléphone, je fais quelques photos souvenirs, comme ça, sachant qu’elles seront trop pourries pour les publier sur un blog. Ah! Mais?

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La sœur d’Ally est adorable à tous points de vue, jolie, attentionnée, souriante, malgré une vie pas si simple.

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A présent, il faut rentrer, car je dois préparer mon sac pour… le Kilimanjaro.

Je me répète ce nom mentalement toute la soirée. J’ai du mal à croire que je m’apprête à le gravir. Ce  massif légendaire, dont le nom m’évoque la couverture d’un livre d’Hemingway, et la toile de fond de l’histoire de Patricia et son lion chez Kessel, ce « toit de l’Afrique » et ses « neiges éternelles »; ce vieux volcan gravé dans l’histoire coloniale, ce bougre qui s’est dissimulé pendant toute la durée de mon premier voyage et m’a dévoilé sa crête par dessus les nuages, le jour de mon départ précipité vers le cercueil de mon père; sa discrète silhouette se dévoilant presque en transparence les jours de très beau temps, comme pour signifier que laisser apparaître son blanc mamelon sur un cliché est un peu trop osé…

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Ce monstre enfin, qui la semaine dernière, je l’apprends donc la veille de l’affronter, a eu raison de deux trekkeurs, comme chaque année vingt cinq n’en reviennent pas. Sur 25 000. Un pour mille. Et moi, moins sportive qu’une trace de bave (oui j’ai mes métaphores personnelles), moi qui ne randonne jamais, à moins qu’à deux heures de marche il y ait une ferme auberge, moi qui ai séché le sport toute mon année de terminale, et n’en ai plus jamais refait, moi qui hait l’absence de végétation, je vais aller à près de 6000 mètres? Laissez moi rire… et en douter… et flipper ma race de façon très contenue!

Jour 3 – Voyage vers le nord

Le bus Dar-Moshi

Nous voilà partis pour 7 heures de bus qui n’ignore aucune anfractuosité de la route…

Nous entrons donc à l’aube dans ce vestige des années 80, coincés à trois par rangée, et je me retrouve contre une fenêtre qui ne ferme plus tout à fait. Toutes les deux minutes, je vais devoir pousser la vitre qui s’ouvre avec les secousses, pendant sept heures, soit 210 fois pendant le trajet? Finalement, je m’endors, et laisse la fenêtre ouverte.

Usambara Mountains

Usambara Mountains

Nous passons devant les Monts Pare, d’où est originaire Ally, avant les Usambara Mountains. Il tient à m’y emmener plus tard pour rencontrer son père et sa belle-mère avec qui il vit. Ally est contre la polygamie pour lui-même, mais tolère que son père ait eu cinq femmes. Il a décidé de passer ses vieux jours avec la deuxième d’entre elles.

Chaque fois que le bus ralentit, une horde de vendeurs se précipitent aux fenêtres. Biscuits, sodas, noix de cajou dans des corbeilles ou des glacières, il faut être rapide: sortir l’appoint, négocier, attraper les produits sans les faire tomber… parfois les vendeurs sont obligés de courir après le bus pour finir la transaction!

Le chauffeur annonce une pause dans une sorte de restoroute à l’africaine, enfin. Là encore il faut s’organiser, car on n’a que… dix minutes! Pendant que je vais aux toilettes, On commande deux thés au lait et des samboussas (samossas). Le thé est brûlant, on n’a pas le temps de finir que le chauffeur claxonne déjà comme un fou furieux.

Vers la bifurcation pour Tanga, on traverse de grands champs d’orangers. Les deux premières récoltes sont pour les propriétaires des cultures, mais ils laissent la dernière aux vendeurs de bord de routes. Il y en a de belles, on en prendra en redescendant vers Dar dans trois semaines. A savoir: un filet de 2kg, c’est maximum 3000 Tsh (1,5€) , et il faut les choisir bien grosses!

Vente des oranges

Vente des oranges

Moshi

Nous arrivons à la gare routière de Moshi, où nous sommes assaillis comme dans chaque gare par les vendeurs de tickets de bus, les rabatteurs pour les taxis, et les flycaughters qui travaillent pour les agences et les galeries d’artisanat. Mais la Mzungu ne vient pas en touriste! L’agence de voyage d’Ally se situe quelques rues plus loin, et nous pressons le pas. School Street, nous y voilà!

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Samweli Lucasi & Happy Peters au bureau

Les membres de l’agence que j’avais brièvement rencontrés l’année dernière, vont devenir au cours de ce séjour des personnes extrêmement familières. Sam est le cuisinier principal de l’agence, mais il épaule surtout Ally à la direction. Happy s’occupe de l’accueil des clients.

Japhary

Japhary

Il y a également Japhary, chargé de réunir l’équipement de montagne ou de safari. Voilà pour l’équipe permanente. Après une bonne portion de traditionnelle « chipsi maiai » (patates aux oeufs ou omelette aux frites, j’hésite pour la traduction), nous rentrons dans le quartier de Passoa, où Ally loue une maison de deux pièces. Confirmation: nous allons partager sa chambre, il y a deux lits avec moustiquaires. Sa maison est très sommaire: des néons blancs en guise d’éclairage (j’ai dit que la lumière des néons me déprime?), et dans l’autre pièce, un canapé, une télé, une bouilloire, un frigo (pas branché). A l’extérieur, il y a une pièce d’eau qui fait douche et wc au même endroit; faudra s’habituer… Il n’est pas facile de faire tourner une agence, et je vois bien qu’Ally se paie au minimum et préfère investir dans sa compagnie, afin qu’un jour elle soit plus prospère.

Nous sommes vendredi 17 août, et Ally m’annonce que mercredi prochain, je pars en safari.