Matin chrétien
Je ne suis pas une mordue des rites religieux, mais je me dis que voir une messe africaine ça vaut peut-être le détour. Georges enfile un T shirt et Eunice se pomponne comme pour aller au bal. l m’annoncent qu’on va un peu plus loin qu’à leur habitude, dans le nord, car c’est un service où l’on chante!
Effectivement, je ne suis pas déçue: il y a trois choristes qui répandent vraiment la joie grâce à leur gospel, et un prêcheur avec un projecteur à diapo qui montre des images des Simpsons pour illustrer l’évangile. Rien à envier à nos traînants et lugubres chants liturgiques écorchés par de vieilles sopranos chevrotantes. (Si ça intéresse quelqu’un d’autre que moi, non, on ne dit pas « soprani » au pluriel, comme on ne dit pas un « confetto » ni des « risotti »)
En sortant je suis toute émue, j’ai beau tenter de le cacher, Georges affiche un large sourire de satisfaction. Ils sont contents que ça m’ait plu.
On passe devant un orphelinat d’éléphants, ça me dirait bien mais le prix d’entrée me rebute un peu. Je me dis que je le ferai au retour si jamais je n’en ai pas vu dans la brousse. J’ai un peu peur car mon budget est serré et en cinq jours j’ai dépensé presque la moitié… Bien sûr j’ai été généreuse avec mes hôtes, j’ai payé une bouteille de gaz, du vin, de l’essence, des médicaments…
Finalement je visiterai cet orphelinat (qui n’est autre que la Fondation Sheldrick ) 5 ans plus tard !
Du café et du sucre
Je demande à Georges si on peut aller voir une plantation de café. Ca me fait un peu rêver car je suis en train de lire « la ferme africaine », le roman dont est tiré
« Out of Africa ». C’est une belle histoire, véridique, le témoignage d’une femme qui s’installe au Kenya pour planter du café, de ses relations avec ses employés Kikuyus, avec ses voisins Maasaï, et avec les autres colons qui la trouvent « trop bonne avec ses nègres »!
Nous nous arrêtons au bord de la route, et j’entre dans la petite forêt de caféiers. Autour de moi, les voix des cueilleurs qui discutent et rient. Je ne me souviens plus de leur salaire journalier, mais il me semble que c’est moins d’un dollar…
A la ferme, Georges demande si l’on peut visiter. Le propriétaire n’est pas là, mais les employés veulent bien moyennant finances. Comme Eunice dit qu’elle va attendre dans la voiture, je dis non également. Je pense qu’elle fatigue un peu. Je ne verrai de cette ferme que le dehors, soit d’immenses tamis carrés pour trier les grains.
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons boire un jus de canne frais; je trouve ça délicieux, et suis subjuguée par la machine à presser. A la manivelle, qu’il y va, le gars!
C’est mon dernier soir à Nairobi, même si je crois repasser par là au retour. Nous avons une discussion intéressante avec Georges:
« -Sincèrement, je t’ai dit que j’ai un budget serré. Alors dis-moi Georges, combien de dollars crois-tu que j’ai emmenés?
-Un tout petit budget, tu dis?
-Oui, tout petit. Sans compter le vol quand même.
-Je sais pas, 6000 dollars? »
6000 DOLLARS! Il croyait que j’avais un petit budget de 6000 dollars! Quand je lui dis que j’ai dix fois moins, il s’ inquiète un peu de la suite de mon voyage.
Il me reste 400 dollars. Ca fait une semaine que je suis en Afrique. Demain je pars pour trois semaines en Tanzanie. Le visa coûte 50 dollars. Ca va être chaud.