Jour 10: Descente au paradis

Petite leçon d’histoire -géo

C’est quoi ce fameux cratère du Ngorongoro? Au départ c’est un volcan, il y en a quelques uns dans la région. Les plus connus sont:

le cratère Empakai au fond submergé par un lac, un paradis de verdure luxuriante, et le Ol Donyo Lengai, le volcan sacré des Maasaïs, toujours en activité!

Le Ngorongoro et le Empakai sont des caldeira: lors d’une éruption violente, la chambre magmatique s’est vidée, et le volcan s’est effondré sur lui-même, créant un cratère au fond plat. Empakai a été, comme souvent les caldeiras, submergé par l’eau. La particularité de Ngorongoro, c’est qu’il est resté sec. La pluie s’accumulant a formé un lac et deux marais.

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Tout ça c’était il y a 2 millions d’années! Aujourd’hui, il est tapissé de forêts sur ses flancs et son fond est une vaste prairie de 20km de diamètre.

Avant il faisait partie du Parc National du Serengeti. Depuis 1959, il a été détaché, pour préserver les intérêts des Maasaïs. En effet, ils ont le droit de descendre y faire paître leurs troupeaux. Au milieu des fauves. Si, si.

Par contre personne ne passe la nuit en bas; Maasaïs comme touristes sont priés de regagner les crêtes avant la tombée de la nuit. Sécurité et protection de l’écosystème.

Il faut savoir qu’en plus des frais d’entrée, quand on veut descendre dans le cratère, on paie une taxe par voiture de 200$ appelée « crater service ». C’est censé limiter le nombre de voiture par jour, de même la durée du game drive est limitée à 6 heures porte à porte (compter 1h30 aller retour pour descendre -remonter).

Descente dans le cratère

Sur la crête, nous nous arrêtons au mémorial de Mickael Grzimek, le fils de Bernhard Grzimek. Oui mois aussi, j’ai dit: « c’est qui çui-là? »

Papa Grzimek était le directeur du zoo de Francfort de 1945 à 1974 (imaginez-vous reprendre la direction d’un zoo bombardé!) Vétérinaire et zoologiste, il a énormément étudié la faune du Serengeti, notamment la migration des gnous, et participé à la protection des espèces. Son fils a réalisé un documentaire, « Serengeti shall not die ». Leurs cendres ont été transférées ici au Ngorongoro.

Allez, on descend. Ça va, il n’y a pas trop de voitures a priori. Passée la porte, on a une vue superbe sur la plaine en contrebas. Mais oui, je vois bien des Maasaïs à pied qui se baladent sans crainte des bêtes sauvages.

On longe le lac Magadi. Une large zone humide entre la berge et l’eau profonde montre qu’on est en pleine saison sèche. Un lion est vautré sur le sable frais. Deux lionnes couchées à ses côtés scrutent l’horizon. Elles attendent la colonne de zèbres qui arrive du nord pour se désaltérer. De l’ouest s’approche une file interminable de gnous. De tous côtés, c’est féerique. Une douzaine de grues couronnées prend son envol sur le lac et passe au-dessus de nous. Quelques hyènes tournent autour des lions en gardant leurs distances. Que va-t-il se passer quand tous les herbivores atteindront le lac? Est-ce que les lionnes ont l’intention de chasser ce matin? Je pourrais rester là des heures à observer cette tranche de vie au Ngorongoro. Mes covoitureuses, elles, apparemment non? Elles se rasseyent, signe de lassitude, et Idir voyant ça, démarre. Dommage!

Un peu plus loin, avec les jumelles, on peut voir un rhinocéros noir à moitié caché dans les herbes hautes. Il est peut-être à 200 mètres, c’est bien loin, mais voir un vrai rhino sauvage, nos petits-enfants n’en auront surement plus la chance. Il n’en reste qu’une poignée au Serengeti et dans le cratère; on en réintroduit de temps en temps, en provenance d’Afrique du Sud, et parfois on en retrouve un mort sans corne… difficile pour les rangers de lutter contre ces bandes organisées, et la demande du marché noir chinois.

Photo Loïc Mathel sur Melting Pot Safaris

Photo Loïc Mathel sur Melting Pot Safaris

Pour le lunch, on s’arrête comme tout le monde à la Hippo Pool, la piscine des hippos. C’est sur la rive du lac, creusée en cuvette, que toutes les voitures se garent pour la pause. C’est curieux de voir tout ce monde descendre des jeeps quand on sait qu’il n’y a pas de limite entre nous et le monde sauvage. D’ailleurs en face, sur la rive qui remonte après le lac, une horde de zèbres se met à courir. Ally me dit que les lions chassent. En regardant mieux, on aperçoit deux personnes à quelques mètres de la scène, en train de pique niquer. Un vent de panique se lève, les radios se mettent en marche, on guette… c’est bon ils se lèvent précipitamment et vont se mettre à l’abri, quelqu’un les a prévenu. Ally me dit que c’est trop dangereux de stopper de l’autre côté. Là où nous sommes, près des toilettes, c’est plus sûr. Brr! petit frisson!

On reprend le game drive tout l’après midi, j’en ai plein les mirettes. Le soleil commence à décliner quand, au bord d’une piste poussiéreuse, deux gros lions mâles endormis apparaissent dans les herbes. Ils sont si près qu’on se contente de chuchoter. C’est l’heure de la sieste, et mis à part un bâillement de temps en temps ou un secouement de crinière pour chasser les mouches, ils sont totalement immobiles. Là encore, j’aimerais attendre jusqu’à ce qu’ils se lèvent. Mais au bout de 20 minutes, Idir démarre:

« Time to get out of the park » me dit-il un peu désolé. Mais je comprends, si les règles sont strictes, c’est pour la protection de cette extraordinaire biodiversité.

photo from familyadventures.com

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