J9 Les Usambaras de l’Est – 2

Attention ce que je vais décrire dans cet article et le prochain sont deux purs bijoux, deux lieux vraiment hors du commun, et de loin mes endroits préférés de ce que je connais de la Tanzanie. Le Camp Mawingu et la Villa Matalai sont la propriété de Hali et Claes, qui sont respectivement Somalie et Suédois, installés depuis longtemps sur la côte swahilie et très impliqués dans le soutien à leur village.

Commençons par le camp Mawingu. Pour y parvenir, il faut un 4×4 absolument, et si on dit ça, c’est parce qu’on l’a fait en Toyota Noah (un peu comme un Peugeot Traveller ou toute voiture familiale 7 places, vous voyez?). N’ESSAYEZ PAS !!! On met le double de temps (oui vraiment 4 heures au lieu de 2h pour faire quoi… environ 60 kilomètres)… on était sur du 15km heure à cause des pierres (que dis-je des rochers!) sur la piste. Et en plus on s’est trompés de route. L’idéal c’est encore de s’y faire conduire en 4×4 par un chauffeur expérimenté ! Bref, après une halte pour s’acquitter des frais d’entrée dans la réserve d’Amani, on monte en altitude, pour enfin à la sortie d’une forêt dense et parfumée, se retrouver au milieu de collines couvertes de plantations de thé.

les champs de thé et la plaine au loin
le village

On est alors seulement à 1000 mètres, mais à pic, et on voit au loin que le village de Ngua domine la plaine de la vallée de Lwengera. C’est tout simplement magnifique ! C’est vert, il fait frais, le soleil brille et on est tellement contents d’arriver. Latifah, qui est chargée du camp et également cueilleuse de thé en saison, nous accueille chaleureusement et nous fait visiter les environs. Les bungalows sont rustiques et confortables, chacun a une cheminée et de nombreuses boiseries qui conviennent parfaitement à l’esprit montagnard du village.

La terrasse intérieure…
et la terrasse extérieure avec sa magnifique vue !
vue d’ensemble
une chambre
une autre terrasse derrière
coin séjour

La réserve dAmani est connue pour sa faune et sa flore endémique si riche qu’elle a déjà été comparée aux Galapagos. C’est un paradis pour les ornithologues, les entomologistes ( spécialistes des insectes), mais ce qui nous excite vraiment avec Stanley, c’est et cela reste les caméléons. On programme une marche nocturne pour débusquer le Trioceros Deremensis, le caméléon tricorne endémique du coin. En attendant, balade dans les alentours, c’est la grande lessive aujourd’hui, et on découvre le Mnazi, un délice ! De l’eau de coco fermentée, qui se boit comme du petit lait, il faut savoir se modérer si on veut repartir en marchant droit !

A la tombée de la nuit, avec un villageois, nous voilà partis en balade sur les chemins forestiers, au son des rapaces nocturnes et concerts de crapauds. Nos premières rencontres, papillons, limaces, mille pattes sont d’une taille surprenante, plus grands que ma main, les fougères sont également immenses et je me souviens du Voyage au Centre de la Terre de Jules Verne… Va-t-on rencontrer des champignons géants et des dinosaures?

En fait de dinosaures, on va être servis. Zéro cornes, une corne, deux cornes… les caméléons apparaissent dans le spectre de la lampe torche. On ne les observe pas trop longtemps chacun, et surtout on ne les touche pas. Sur le chemin avant d’arriver au village, nous avons longuement expliqué à des gamins qui nous apportaient un caméléon dans un seau que les touristes ne sont pas intéressés par les animaux en captivité (mensonge, ça dépend de quel type de touriste on parle…) et qu’il est important de les laisser dans leur habitat et les protéger… un discours qui devrait surtout être intégré par les voyageurs. Si on ne s’y intéressait pas, si les touristes ne payaient pas pour voir et toucher la faune sauvage, les locaux n’essaieraient pas de nous en attraper. On n’a jamais vu des gamins nous apporter des limaces en espérant nous faire plaisir ou avoir un pourboire.

Enfin le voilà, le caméleon à trois cornes, et c’est toujours émouvant de savoir d’une espèce qu’on ne la trouve nulle part ailleurs dans le monde. Bon, je ne suis pas photographe, mais on voit bien la bêbête. Ca valait le coup !

La nuit est calme et fraîche au Camp Mawingu, et demain nous partons sur la côte pour rencontrer la propriétaire qui vit dans son autre hôtel, la Villa Matalai. L’océan après la montagne, on a hâte de découvrir ce coin paradisiaque et peu fréquenté au nord de Tanga.

Adieu petit coin de paradis !

J7 les Monts Usambara de l’Ouest

Etape vertigineuse dans les monts Usambara

C’est parti pour 5h de bus en direction du sud. Avec la télé à fond, parce que, on commence à s’habituer, en Afrique, le son n’est jamais trop fort. Les larsens, les grésillements, les aigüs qui font saigner les oreilles délicates des Européens sont un doux plaisir pour les Tanzaniens, et les enfants dorment dans le giron de leur mère comme si on leur jouait une berceuse !

Sur la route qui file au sud jusqu’à Dar es Salaam, on s’arrête à Mombo, bourg animé au pied des Monts Usambara de l’Ouest, pour prendre un taxi pour le petit village de Mambo, perché dans les 1600 mètres de hauteurs. Ce n’est pas très élevé, c’est la même altitude que le village de Nkweshoo, mais la vue est si spectaculaire qu’on se croirait sur un haut sommet.

Ici Herman et Marion, un couple de Néerlandais, ont bâti il y a une dizaine d’années un projet qui leur ressemblerait, et se sont installés dans ce village isolé. Ayant parcouru le monde pour suivre des projets de développement, déçus de constater beaucoup de gâchis d’argent, ils ont quitté les grosses structures pour créer leur petite entreprise d’hôtellerie solidaire avec le village qui les accueille.

Atteindre le Mambo View Point demande un effort, aussi les  voyageurs réservent toujours pour plusieurs nuits. La journée, entre les balades dans le village, la forêt de Shagayu et les falaises pour observer les faucons Taita et autres rapaces des hauteurs, le temps passe vite et il est vraiment recommandé de rester au moins trois nuits. Les guides ornithologues nous apprennent tout sur les tisserins, martinets, boulbouls et fauvettes, et dans la forêt le jeu est de trouver les incroyables caméléons bicornes. Il y a des randonnées possibles sur deux à cinq jours, avec des étapes dans des couvents ou chez l’habitant dans les villages sur le chemin.

 

 

 

Pas d’inquiétude, je l’ai relâché juste après la photo ! Le pauvre !

Herman et Marion font un travail admirable pour le développement de la communauté de Mambo. Le mot d’ordre est l’autonomie, il s’agit de transmettre des compétences afin que la population embrasse les projets dans un esprit de développement durable. Les actions sont nombreuses et reliées entre elles pour améliorer les conditions de vie: santé, éducation, énergie, routes, environnement, savoir faire artisanal… depuis 2012 avec leur association JamiiSawa, ils ont enseigné aux villageois:

  • comment construire un poêle qui n’émet pas de monoxyde de carbone
  • comment coudre des serviettes hygiéniques lavables
  • comment faire ses yaourts et son fromage
  • comment créer un terrain de foot
  • comment construire un pont
  • comment créer un système d’irrigation des cultures
  • comment dévier une route

Ils ont aussi fait une campagne de vaccination des chiens errants contre la rage, mis en place des ateliers cirque pour les enfants, dispensé des formations aux vétérinaires locaux,  aux agriculteurs, aux entrepreneurs, aux guides locaux, construit un dispensaire et deux écoles, financé des pompes à eau et des tablettes pour les cours !

Ca ne chôme pas dans la circonscription de Sunga !

En repartant, nous visitons la ville de Lushoto, marquée par la colonisation germanique, avec quelques maisons anciennes, cimetière des premiers missionnaires chrétiens, et le projet « Friends of Usambara » qui propose des balades guidées et développe une activité économique de pépinière pour la reforestation de la montagne.

On n’oubliera pas Herman, et les voyageurs qu’on lui envoie chaque année ont toujours la même remarque: la route est longue, mais le lieu en vaut la peine !

J6 – Machame Nkweshoo Cultural Tourism

Le massif du Kilimanjaro et la route de Machame

Quelques 10 kilomètres avant Moshi, un panneau de direction indique la célèbre « Machame Gate », l’une des portes d’entrées du parc national du Kilimanjaro et certainement la plus empruntée pour gravir le sommet. Une route de bitume part sur la gauche et longe une infinie rangée d’arbres qui cachent des plantations de fleurs à couper. A droite un espace plus dégagé avec des champs de céréales en premier plan, et au fond la forêt qui s’élance sur les pentes bleu vert du massif. Si le temps est clair, par chance, on est face au mastodonte tranquille, chapeau de neige ou pierre couleur peau de rhino, selon la saison. Mais la plupart du temps – pudique ou malicieux ? – il revêt son manteau de brouillard.

De Moshi ou des alentours, l’aspect du Kilimanjaro est variable. Plus l’on s’approche de sa base, moins il paraît élevé, alors qu’en prenant du recul, loin dans la steppe Maasai, ou en s’éloignant vers Arusha, il domine les plaines , monstre endormi, vieux sage bienveillant. Ne montre parfois que sa tonsure blanche, parfois que les plis du bas de sa robe, entre deux lèches de fumée. Qui ne l’aperçoit qu’une fois, dans un de ses mauvais jours, peut être déçu – le niveau de l’expectative – et qui le voit régulièrement sera toujours surpris des variations de son allure, ses couleurs et sa densité. Et le Mawenzi, tout en aiguilles et colère, qui tourné vers son grand frère, semble vouloir le suivre sans jamais le rattraper.

Du terrain où les militaires font leurs exercices

au centre ville

 

de la gare routière

des hauteurs de Moshi

de la route des sources d’eau chaude

La route goudronnée devant nous prend un virage sec à gauche, mais nous continuons tout droit sur le chemin de terre sur environ 3 kilomètres. Il devient de plus en plus étroit et cabossé, la côte plus raide, mais voilà enfin le panneau: Machame Nkweshoo Cultural Tourism. Le portail en fer s’ouvre, un groupe de femmes nous accueille en chantant et en agitant un bouquet de longues feuilles vertes.

 15 femmes autour de Mama Stella

Voici de loin mon projet de tourisme culturel préféré. Stella, dans la lignée de son père, bienfaiteur apprécié du village, décide en 2013 de suivre une formation dispensée par le ministère du tourisme. Celle-ci vise à pousser les villages à créer leur entreprise de tourisme culturel. De là naît Nkweshoo Machame Cultural Tourism, et une quinzaine de femmes  se rassemblent autour de Stella pour générer des revenus dans le village. Il faut d’abord valoriser le patrimoine naturel et historique : les chutes d’eau, les cavités dans lesquels se cachaient les ancêtres lors des invasions Maasai, qui venaient voler le bétail. Le brouillard était leur ami alors, et les Maasai, en terrain hostile, habitués des plaines, ne trouvaient pas les femmes cachées dans les grottes le long de la rivière.

Mama Stella

Valoriser leur histoire, et celle de leur activité économique: les 18 variétés de banane, les plantations de café, l’igname, les haricots, le maïs,  une agriculture qui aide à subsister mais ne permet plus de gagner correctement sa vie. Les bananiers appartiennent aux femmes chez les Chagga, mais il faut donner l’argent de la vente aux maris, et ceux ci ne sont pas toujours économes ou protecteurs, et la banane, on en fait de la bière aussi… les maris Chagga aiment bien ça, la bière de banane !

Valoriser leur habileté, fines cuisinières, torréfactrices, artisanes, en proposant un atelier fabrication de batik et teinture à la cire.

Le projet a pris forme, les visiteurs viennent à la ferme, grâce à un lodge, une ONG et Tumbili. On s’y sent comme un dimanche chez sa grand mère de la campagne. Et les revenus ont permis de compléter les salaires des instituteurs, d’envoyer 11 enfants à l’école primaire, de construire des aménagements pour les chambres d’hôte, d’aider le dispensaire et les aînés isolés qui ne touchent pas de retraite.

A l’école

Au tableau de la salle des profs

le potager bio de l’école

la chambre d’hôte

Quand nous rendons visite à Stella, c’est toujours le même rituel: le matin on boit le café en poudre, le « Africafé », mais l’après midi, comme pour savourer la différence, on ne repart pas sans un bon café local torréfié sur place. Entre temps arrive le repas composé de riz pilau, bananes en sauce ou frites, mchicha (sorte d’épinards), maharage (haricots rouge au lait de coco)… On parle beaucoup et longtemps, on prend des nouvelles. Stella nous raconte ses entrevues avec les jeunes filles et les femmes du village. Son objectif est de les sensibiliser et les éduquer. Ses sujets de prédilection sont la sexualité, les relations affectives, la maternité, le mariage, la contraception. Les jeunes filles sont incroyablement ignorantes à cause des tabous posés par la communauté et Stella souhaite leur éviter des situations aliénantes par manque d’information. Une loi a été promulguée l’année dernière comme quoi une fille enceinte n’est plus autorisée à reprendre des études, définitivement. Même après accouchement, même quand l’enfant sera scolarisé, jamais. La croisade de Stella: éviter la grossesse des filles scolarisées.

Une villageoise au champ

On passe au dispensaire, apporter les médicaments laissés généreusement par nos clients. Le gouvernement fournit la plupart des médicaments de base de type antibiotiques, anti inflammatoires, compresses, gants jetables etc, mais les prothèses sont très appréciées de même que… la pilule du lendemain qui fait son effet !

On rend visite à quelques aînés du village, toujours heureux d’avoir de la visite, on apporte du sucre, du savon, on papote rhumatismes et météo.

Mama Stella nous remercie de lui envoyer des visiteurs régulièrement.  Comme elle s’inquiète, on lui assure qu’on a de très bons retours.

« Mais mama, il n’y a pas que nous qui vous envoyons des gens tout de même? Il y a le lodge à Usa River, et puis cette ONG suédoise… »

– Oui, oui un peu, mais le nouvel évier à vaisselle, le réservoir d’eau, ça c’est que Tumbili, on sépare les budgets !

– Ah bon, nous on finance le confort de la ferme alors?

– Mais non ! le salaire des instituteurs, les scolarisations des enfants, les aides aux aînés, et en plus, les améliorations des installations ! Je veux dire vous, c’est plus que les autres !

Nous voilà rassurés 🙂

Une partie des mamas de Nkweshoo

 

J5 – Chez Mama Gladness

Tengeru, les pionniers du tourisme culturel solidaire

En arrivant à la ferme, après un chemin étroit et boueux à travers plantations et habitations, on découvre une cour herbeuse propre et bien entretenue, entourée de plusieurs bâtiments assez disparates. A gauche, une petite maison qui sert d’accueil et de bureau à la micro entreprise, à droite une jolie maison avec du mobilier en osier sur la terrasse, au fond un grand bâtiment simple au toit végétal traditionnel qu’on appelle makuti et des dépendances en bois qui semblent constituer étables et poulaillers. Des jeunes gens nous accueillent avec un large sourire, ce sont Franck, guide local, et Ruben, chargé de l’administration. Un peu en retrait se tient une petite dame âgée qui vient pudiquement nous saluer en souriant également, c’est Mama Gladness, la fondatrice de Tengeru cultural tourism.

Mama Gladness

Mama Gladness est éleveuse de volaille. Il est difficile de vivre uniquement d’un petit élevage.  En 1998, le village de Tengeru reçoit des bénévoles d’une association danoise, et l’un d’entre eux lui suggère de créer un camping au village pour générer des revenus supplémentaires. Elle se tourne vers son oncle qui travaille dans le tourisme,  qui lui dit que personne ne voudra camper dans un endroit qui sent la vache…

Manifestement il n’a pas entendu parler du succès du camping à la ferme en Europe…

Elle décide de commencer son projet seule avec son fils Lema. Ensemble ils créent une brochure et la soumettent à l’office du tourisme tanzanien. Ceux-ci lui disent de se tourner vers l’association danoise, qui leur dit de contacter l’organisation du tourisme culturel tanzanien, qui leur dit de demander de l’aide à l’office du tourisme tanzanien. Bref, le projet ne voir le jour qu’en 2004, après avoir économisé pour pouvoir imprimer les brochures et s’enregistrer officiellement comme programme de tourisme culturel.

l’étable

le trophée

Ils étaient trois petites structures pionnières du tourisme culturel solidaire, maintenant ils sont des centaines en Tanzanie. Et Tengeru est fier d’avoir reçu le trophée de la conservation du patrimoine culturel des Africa Awards en 2015 !

Une journée à Tengeru

La visite commence par un « Coffee Tour » qui consiste à comprendre la culture traditionnelle du café de la plantation à la torréfaction. Balade à travers les champs de caféiers, torréfaction artisanale et pilage sportif des grains dans un mortier, précèdent la dégustation agrémentée d’explications sur l’histoire du commerce du café Tanzanien. Une histoire assez dramatique, car aujourd’hui malheureusement, toutes les petites parcelles ont été rachetées par les multinationales qui réservent le café Tanzanien à l’exportation. Les habitants des pentes du Meru et du Kilimanjaro se sont alors tournés vers d’autres économies, dont le bois, qui a entraîné de la déforestation, qui a entraîné la fonte des glaciers… Maintenant tout cela est plus légiféré, mais il est difficile de trouver une source de revenus suffisante pour ces anciens cultivateurs. Le tourisme offre cette opportunité, à condition d’obtenir une bonne visibilité : l’objectif de Tumbili, mettre en valeur de belles initiatives locales, utiles à la société locale.

un groupe de visiteurs dégustent le café

Ce qui est épatant à Tengeru, c’est que cette ferme fonctionne au biogaz ! Avec seulement le méthane de trois vaches, elle est alimentée en gaz pour la cuisine, l’éclairage et le chauffage. Franck nous explique le fonctionnement des tuyaux des cuves, et nous montre aussi où part le reste quand on a séparé le méthane: en engrais dans le jardin bio.

Explications auprès des cuves

le gaz de cuisine

l’éclairage

Le moment fort, c’est le déjeuner. C’est Mama Gladness et une ou deux aides qui cuisinent, et voilà le résultat: on n’a pas de photo. On est trop occupés à manger les délicieux makande (plat de mais), maharage (haricots rouge au lait de coco), boeuf en sauce, muhogo (manioc)… (excuffez moi fe continuerai après f’ai la bouffe pleine).

L’après midi, on aime bien aller au bord du Lac Duluti pour se promener dans la forêt, ou encore faire une balade avec les canoe de la ferme.

Le lac Duluti

Tengeru cultural tourism soutient plusieurs secteurs d’activité et de services du village. Mama Gladness achète des lits, des couvertures, de la nourriture, des vêtements, des machines à coudre, des livres, des produits d’hygiène, de l’équipement de sport, du mobilier, des fournitures scolaires; elle a  envoyé des volontaires construire un poulailler, une étable, des étagères, des salles de classe,  elle a envoyé des infirmières et docteurs, des instituteurs dans 3 orphelinats, un hôpital, deux écoles et a constitué six groupes de micro entreprenariat féminin.

Nous, on lui envoie tous les voyageurs qu’on peut et ils sont très heureux de la rencontrer !

 

 

 

J4 – Les adresses solidaires d’Arusha

The Shanga House

En voilà des beaux projets. The Shanga House, c’est un projet individuel né en 2007 avec les idées de Saskia Rechsteiner et soutenu depuis 2017 par la chaîne de lodges de luxe Elewana Collection. Une entreprise qui crée des emplois pour les personnes handicapées dans le domaine de la joaillerie (Shanga signifie « perle » en swahili), du verre soufflé, des accessoires en matériaux recyclés.On y trouve une forge, un atelier de souffleur de verre, des métiers à tisser, des machines à coudre, et l’énergie qui se dégage de cet endroit est étonnante. J’ai craqué pour les coussins éléphants en chemises recyclées ! 

Alors bien sûr, plutôt que de s’arrêter comme tout le monde au très très touristique Cultural Heritage Center qui ne soutient rien du tout et enrichit un déjà riche étranger, demandez à votre chauffeur de vous arrêter à la Shanga House, c’est situé dans l’enceinte de l’hôtel Arusha Coffee Lodge, au milieu des plantations de café de la sortie de la ville. C’est sur la route en rentrant de safari!

On a pris le temps de discuter avec Paul, un encadrant qui guide les visiteurs et présente les employés. En vidéo, Petite mise en scène pour nous ^^

Le centre de rééducation de Usa River et le café Tanz Hand’s

Comment on est tombé là-dessus? Au bord de la route Moshi-Arusha, une enseigne indique « Café Tanz Hand’s » et « Bakery ». Bakery, c’est boulangerie, et je peux vous dire que ça ne court pas les rues dans le coin. Donc on s’est arrêté, et là, oh merveille des merveilles, des brioches, du bon pain comme chez nous, des bretzels… des bretzels ???

Derrière cette petite échoppe, il y a un grand centre et un vaste projet. Il s’agit d’un centre de rééducation et de formation de l’église lutherienne du diocèse de Meru. Il est destiné également aux personnes handicapées qui souhaitent devenir autonome et obtenir des soins orthopédiques. Financé par l’église d’une part et par les revenus de la boulangerie et de la guesthouse, il permet à 70 jeunes gens de se former à la boulangerie, la couture, la charpente ou encore la serrurerie, tout en bénéficiant d’une rééducation suivie. Ils prodiguent aussi des conseils et des micro crédits aux familles des bénéficiaires.

Je vous invite à faire un stop pour acheter leurs délicieux pains et gateaux, c’est entre Arusha et la jonction de l’aéroport de Kilimanjaro, à Usa River appelé aussi « Maji ya Chai », l’eau du thé (pour sa rivière colorée par les sédiments). Soutenir en  faisant plaisir à ses papilles, c’est quand même un beau concept !

Demain, on reste dans le coin pour visiter le projet de mama Gladness. Stanley passe des coups de fils pour organiser les rencontres, il y a tout le temps des imprévus, des désistements, des retards, ça ne semble pas facile mais il parvient à suivre mon programme. Il y a quelque mois, quand je l’ai appelé en lui disant : « Stanley, j’ai besoin de toi, es-tu prêt à me suivre sur une tournée de repérages de Nairobi à Zanzibar? », on n’imaginait pas que cela tisserait des liens si forts entre nous. Au contraire, je l’ai prévenu: « Tu sais, après un mois ensemble on va peut-être se taper sur les nerfs! »

Il est le partenaire idéal car depuis longtemps il s’investit dans les causes solidaires, et comprend parfaitement ma démarche. Il me dit d’ailleurs que de toutes les agences et tour opérateurs qu’il connaît, personne ne s’investit autant dans la connaissance du pays et de ses habitants, dans la traçabilité des prestations et services, dans la recherche de compréhension des projets. Bon, s’il continue à me faire des compliments, on va peut-être très bien s’entendre !

La Tanzanie change la vie!

Développer le voyage solidaire

C’est toute ma vie professionnelle qui a été bouleversée par ce pays. En recommandant d’abord mes rencontres tanzaniennes à des gens de mon entourage, puis à des lecteurs de mon blog, j’ai découvert avec surprise que j’étais faite pour organiser, conseiller, repérer, prospecter, sélectionner, et développer une activité autour du voyage avec des valeurs solidaires et équitables. J’ai acquis l’expertise du terrain, que ce soit de la connaissance des itinéraires, des saisons, de la faune sauvage, des ethnies, de la culture swahilie, mais aussi la connaissance approfondie du fonctionnement des agences de voyage locales, les tarifs pratiqués, les relations entre tous les acteurs du tourisme, les dérives du tourisme de masse, et la manière de rétablir l’équilibre, en circuit court,  dans un objectif de tourisme durable.

En onze ans j’ai aidé des petites agences locales à avoir une visibilité parmi les voyageurs francophones, grâce aux bons commentaires des clients à leur retour, sur les forums des guides touristiques.

Avec les chauffeurs de Osiwoo Safaris

Chaque année depuis onze ans, je suis retournée en Tanzanie pour développer cette activité et accomplir les missions listées ci-dessous:

  • accompagner un groupe sur un séjour aventure
  • travailler avec mes partenaires locaux Osiwoo Safaris et Amo Zanzibar Tours
  • assurer un suivi des projets que l’on soutient tels que le village d’Alais et les enfants des rues de Moshi (cf. ci-dessous)
  • visiter des hôtels, contrôler leur qualité, rencontrer de nouveaux gérants d’établissements
  • former et accompagner nos stagiaires
  • tester des prestations, activités, repérer de nouveaux territoires
  • s’immerger dans la culture swahilie pour de meilleures relations inter culturelles
  • faire de la formation continue pour les guides francophones et les chauffeurs de safari

En 2016 notre association de voyage solidaire a vu le jour, TUMBILI.

Banderole Finale

Tumbili, expertise et solidarité

Notre objectif est de promouvoir le voyage utile et responsable, en soutenant des initiatives locales en Tanzanie et à Zanzibar. J’ai rencontré des acteurs locaux du changement, que ce soit dans le domaine de l’éducation, l’environnement, la santé ou la conservation animale. De petites associations créées par des natifs ou habitants du pays méritent qu’on les mette en lumière!

Tumbili propose aux voyageurs de visiter les villages et projets que nous soutenons, afin de les financer directement et témoigner de leur développement.

La démarche a intéressé un prospecteur du Petit Futé, Jean Marc, qui est allé tester les services des agences locales lors d’une tournée en Tanzanie: et hop! Tumbili est référencé ici , et bien sûr nous avons des avis Google et Trip Advisor !

Parmi les Tanzaniens aux initiatives sociales fortes, voici le plus important à nos yeux: Morgan. Il était notre ami, il est toujours notre lumière, notre inspiration.

Morgan et un de ses protégés

Il est né à Moshi, et a été placé d’orphelinats en familles d’accueil jusqu’à un âge où il a pu se prendre en charge. Son expérience lui a soufflé la vocation d’accompagner les enfants qui subissent la même situation: il a créé une association, « Pamoja Tunaweza Boys and Girls Club », qui signifie « Ensemble on peut », pour aller à la rencontre des enfants qui vivent dans les rues de Moshi.

Etre présent, et attentif à leur évolution et les dérives possibles, prodiguer des conseils sur l’hygiène, la sécurité, organiser des ateliers de création artisanales recyclées à partir d’objets de récupération afin de leur permettre de générer de petits revenus, Morgan avait fort à faire chaque jour et l’argent que nous apportions permettait le fonctionnement de l’association et le développement de projets importants pour les enfants.

En mai 2021, Morgan est brutalement décédé dans un accident de la route, laissant nos gamins doublement orphelins. C’est alors que Stanley s’est investi à 200% pour reprendre le flambeau et assurer la pérennité de l’entreprise de Morgan.

Voyez notre collecte la cantine des gosses de Moshi !

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En 2017, j’ai entrepris un voyage de prospection acocmpagnée de Stanley, et cela a suscité une profonde réflexion chez tous les collaborateurs de Tumbili et Hotsun, la première agence locale avec qui j’ai travaillé. Ce voyage-clef a donné le jour à une nouvelle entreprise solidaire au pied du Mont Kilimanjaro: Osiwoo Safaris.

Depuis, Osiwoo Safaris a fait sa place parmi les agences  reconnues, notamment des voyageurs francophones, car il elle est composée d’une équipe expérimentée, dynamique et engagée dans le soutien aux communautés locales. Les avis sont unanimes, et nous savons pourquoi. Nous travaillons sans relâche et sommes fiers du chemin parcouru ensemble.

Voici toute notre histoire dans ce blog.

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Jour 12: Mwanga

Aujourd’hui Ally m’emmène faire la rencontre de son père et sa belle mère à Mwanga, au pied des monts Pare, à une centaine de kilomètres au sud est de Moshi.

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Ça me rappelle Ndareda, avec un peu plus d’activité. Mais ici il ne semble pas souvent y avoir de Mzungu qui s’arrête. Je suis une bête curieuse, et pourtant les passants ne me prêtent pas grande attention. Comme c’est bon et rare de se sentir une personne parmi d’autres!

Nous rendons visite au père d’Ally dans sa petite boutique. Il vend des chaussures depuis son plus jeune âge. Il a même eu un magasin à Mombasa, avant de revenir dans sa région natale. Ally m’explique qu’il a eu cinq femmes, dont la mère d’Ally qui est restée vivre au Kenya. Pour ses vieux jours, il a choisi de s’installer avec sa deuxième femme avec qui il a élevé le plus d’enfants.

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Ils vivent dans une maison grande mais simple, avec leurs deux filles et petits enfants. La mama nous prépare un samaki-ugali (poisson et foufou) puis nous allons nous promener dans les rues terreuses, à la rencontre des habitants, et finissons par l’échoppe de vêtements de la demi-soeur d’Ally.

on trouve de tout dans un bac à fleur!

on trouve de tout dans un bac à fleur!

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un abri pour les vaches

Les photos sont de très mauvaise qualité car j’ai volontairement oublié mon ostentatoire Nikon. Me balader sans appareil photo est assez libérateur: je ne me sens pas l’obligation de capturer le plus beau regard sous le plus bel angle. Là, j’ai un téléphone, je fais quelques photos souvenirs, comme ça, sachant qu’elles seront trop pourries pour les publier sur un blog. Ah! Mais?

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La sœur d’Ally est adorable à tous points de vue, jolie, attentionnée, souriante, malgré une vie pas si simple.

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A présent, il faut rentrer, car je dois préparer mon sac pour… le Kilimanjaro.

Je me répète ce nom mentalement toute la soirée. J’ai du mal à croire que je m’apprête à le gravir. Ce  massif légendaire, dont le nom m’évoque la couverture d’un livre d’Hemingway, et la toile de fond de l’histoire de Patricia et son lion chez Kessel, ce « toit de l’Afrique » et ses « neiges éternelles »; ce vieux volcan gravé dans l’histoire coloniale, ce bougre qui s’est dissimulé pendant toute la durée de mon premier voyage et m’a dévoilé sa crête par dessus les nuages, le jour de mon départ précipité vers le cercueil de mon père; sa discrète silhouette se dévoilant presque en transparence les jours de très beau temps, comme pour signifier que laisser apparaître son blanc mamelon sur un cliché est un peu trop osé…

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Ce monstre enfin, qui la semaine dernière, je l’apprends donc la veille de l’affronter, a eu raison de deux trekkeurs, comme chaque année vingt cinq n’en reviennent pas. Sur 25 000. Un pour mille. Et moi, moins sportive qu’une trace de bave (oui j’ai mes métaphores personnelles), moi qui ne randonne jamais, à moins qu’à deux heures de marche il y ait une ferme auberge, moi qui ai séché le sport toute mon année de terminale, et n’en ai plus jamais refait, moi qui hait l’absence de végétation, je vais aller à près de 6000 mètres? Laissez moi rire… et en douter… et flipper ma race de façon très contenue!

Jours 4-6: Reprendre ses marques à Moshi

Moshi town

Moshi est une petite ville, et j’aime bien m’y promener toute seule, malgré la surprotection dont Ally fait preuve. Il souhaite que je ne me fasse pas ennuyer par les flycaughters, mais ces petits jeunes ne me dérangent pas. Ils vous emboîtent le pas, échangent quelques mots, et quand ils comprennent que je ne suis pas cliente, ils me laissent. Au pire, je leur lance gentiment un petit:  » Samahani, niache mwenyewe » (« excuse-moi, mais laisse moi tranquille »). Au bout de quelques jours, tout le monde me reconnait et cesse de me coller.

Petit à petit, j’insiste auprès d’Ally pour vivre le quotidien comme lui. Fini le taxi, je me mets au « piki-piki », le taxi moto, moins cher… plus dangereux. Il faut bien choisir son chauffeur, car parfois les bouteilles de Konyagi sont ouvertes un peu trop tôt!

Le Konyagi est un alcool local à 35 degrés. La distillerie se situe à Moshi. Il se boit volontiers avec du Sprite ou du jus de fruit.

Le soir, nous allons au « Glacier », un endroit qui ressemble à une discothèque mais en plein air. Il y a un concours de danse, et c’est étonnant de voir à quel point les gens se lancent sans complexe pour participer et se trémoussent comme des diables dans une bonne humeur générale.

Le lendemain, journée de bureau. La matinée commence bien, le Kilimandjaro se dévoile, tout en restant un peu lointain.

Timide Kilimanjaro

Timide Kilimandjaro

Au bureau, il y a quelques demandes de devis en français qui vont bien m’occuper ces prochains jours. J’en profite aussi pour visiter quelques hôtels de Moshi, histoire de voir dans quels endroits on envoie nos clients quand ils arrivent. Pendant les pauses, je vais voir les couturières de la rue, dont Irene qui me tombe dans les bras en riant; je leur commande quelques robes, et de nouveaux rideaux pour le bureau, en essayant de faire travailler un peu tout le monde.

La mama qui coud devant Hotsun Safaris.

La mama qui coud devant l’agence

Les jours passent vite ainsi, et le départ en safari se rapproche. Les deux jeunes allemandes avec qui je vais partir arrivent à l’aéroport:  j’accompagne Ally qui vient leur souhaiter la bienvenue et les ramener en ville. Nous attendons longtemps, elles ont leurs visas à faire en arrivant. Des gens de toutes nationalités débarquent dans le hall, attendus par leurs guides qui tiennent des panneaux où sont inscrits leurs noms. Tiens, quelques groupes sont arrivés avant leurs guides et s’impatientent, voilà qui n’est pas très professionnel de la part des agences… « Cela arrive souvent, me dit Ally. Moi je suis plutôt une heure en avance, pas question de laisser un voyageur en plan, imagine sa panique! »

Linda et Verena s’approchent. Elles ont un grand sourire en nous saluant.  Nous les emmenons  dans  un charmant B&B avec cour intérieure, loin des bruits de la ville. Après un petit briefing sur l’heure de départ, ce qu’il faut emporter pour le camping, etc, nous rentrons à Pasoa pour nous reposer et à notre tour faire nos bagages.

Demain, je réalise un rêve. Est-ce que ce sera à la hauteur de mes attentes?

Jour 3 – Voyage vers le nord

Le bus Dar-Moshi

Nous voilà partis pour 7 heures de bus qui n’ignore aucune anfractuosité de la route…

Nous entrons donc à l’aube dans ce vestige des années 80, coincés à trois par rangée, et je me retrouve contre une fenêtre qui ne ferme plus tout à fait. Toutes les deux minutes, je vais devoir pousser la vitre qui s’ouvre avec les secousses, pendant sept heures, soit 210 fois pendant le trajet? Finalement, je m’endors, et laisse la fenêtre ouverte.

Usambara Mountains

Usambara Mountains

Nous passons devant les Monts Pare, d’où est originaire Ally, avant les Usambara Mountains. Il tient à m’y emmener plus tard pour rencontrer son père et sa belle-mère avec qui il vit. Ally est contre la polygamie pour lui-même, mais tolère que son père ait eu cinq femmes. Il a décidé de passer ses vieux jours avec la deuxième d’entre elles.

Chaque fois que le bus ralentit, une horde de vendeurs se précipitent aux fenêtres. Biscuits, sodas, noix de cajou dans des corbeilles ou des glacières, il faut être rapide: sortir l’appoint, négocier, attraper les produits sans les faire tomber… parfois les vendeurs sont obligés de courir après le bus pour finir la transaction!

Le chauffeur annonce une pause dans une sorte de restoroute à l’africaine, enfin. Là encore il faut s’organiser, car on n’a que… dix minutes! Pendant que je vais aux toilettes, On commande deux thés au lait et des samboussas (samossas). Le thé est brûlant, on n’a pas le temps de finir que le chauffeur claxonne déjà comme un fou furieux.

Vers la bifurcation pour Tanga, on traverse de grands champs d’orangers. Les deux premières récoltes sont pour les propriétaires des cultures, mais ils laissent la dernière aux vendeurs de bord de routes. Il y en a de belles, on en prendra en redescendant vers Dar dans trois semaines. A savoir: un filet de 2kg, c’est maximum 3000 Tsh (1,5€) , et il faut les choisir bien grosses!

Vente des oranges

Vente des oranges

Moshi

Nous arrivons à la gare routière de Moshi, où nous sommes assaillis comme dans chaque gare par les vendeurs de tickets de bus, les rabatteurs pour les taxis, et les flycaughters qui travaillent pour les agences et les galeries d’artisanat. Mais la Mzungu ne vient pas en touriste! L’agence de voyage d’Ally se situe quelques rues plus loin, et nous pressons le pas. School Street, nous y voilà!

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Samweli Lucasi & Happy Peters au bureau

Les membres de l’agence que j’avais brièvement rencontrés l’année dernière, vont devenir au cours de ce séjour des personnes extrêmement familières. Sam est le cuisinier principal de l’agence, mais il épaule surtout Ally à la direction. Happy s’occupe de l’accueil des clients.

Japhary

Japhary

Il y a également Japhary, chargé de réunir l’équipement de montagne ou de safari. Voilà pour l’équipe permanente. Après une bonne portion de traditionnelle « chipsi maiai » (patates aux oeufs ou omelette aux frites, j’hésite pour la traduction), nous rentrons dans le quartier de Passoa, où Ally loue une maison de deux pièces. Confirmation: nous allons partager sa chambre, il y a deux lits avec moustiquaires. Sa maison est très sommaire: des néons blancs en guise d’éclairage (j’ai dit que la lumière des néons me déprime?), et dans l’autre pièce, un canapé, une télé, une bouilloire, un frigo (pas branché). A l’extérieur, il y a une pièce d’eau qui fait douche et wc au même endroit; faudra s’habituer… Il n’est pas facile de faire tourner une agence, et je vois bien qu’Ally se paie au minimum et préfère investir dans sa compagnie, afin qu’un jour elle soit plus prospère.

Nous sommes vendredi 17 août, et Ally m’annonce que mercredi prochain, je pars en safari.

Jour 2 – Dar Es Salaam

Réveil difficile

Je crois bien qu’on a discuté jusqu’à cinq heures du matin, et la femme de ménage a déjà chercher à entrer plusieurs fois dans la chambre. On va prendre le petit déjeuner dans le bâtiment en face, chapatis et thé au lait. Mal réveillée, le cerveau lent, je ne parviens pas à répondre aux salutations en swahili. En un an, je n’ai pas été plus loin que la leçon 20 de la méthode Assimile, je ne me sens pas très fière…

Le programme: une journée à Dar avant de rentrer à Moshi demain matin. Comme on est très fatigués, on décide de seulement flâner au centre ville. Mais avant tout, je dois voir pour la première fois de ma vie… l’océan Indien!

A l’arrêt de bus

A l’arrêt de bus, j’essaie de réaliser et de réveiller mes sens: je suis en Tanzanie, pour un mois, je vois la terre, les gens habillés de couleurs vives, les charrettes écrasées de fournitures,  j’entends le swahili,  l’anglais,  l’arabe, les camions, les vendeurs qui crient; je sens le maïs grillé, la poussière, les gaz d’échappement, la transpiration des gens qui se bousculent pour monter dans les bus. Il y a quelque chose d’ étranger et en même temps d’extrêmement familier.

Dans le dala dala

Ally me fait monter à l’avant du dala dala et discute avec le chauffeur. Dans les semaines suivantes, je remarquerai que le sujet de prédilection avec les chauffeurs de bus ou de taxi, c’est la politique du gouvernement actuel, la corruption, et la nostalgie du « père de la nation », Julius Nyerere. Ally m’assure que de son temps, Nyerere se déplaçait dans le bush pour régler les conflits des villageois, et qu’il avait une ligne téléphonique pour les Tanzaniens.

Je m’imagine téléphoner à Sarkozy: « Oui bonjour, j’ai un problème avec mon proprio, il ne veut pas faire les travaux, et au fait, j’aime pas votre politique d’immigration, on peut en discuter au café de mon village? »

Ocean Road

Arrivés au port, Ally me montre où se prend le ferry pour Zanzibar. J’évoque les catastrophes récentes: après le Spice Islander en 2011, le MV  Skagit a fait naufrage en juillet, en tout 350 morts, le pays endeuillé, le ministre des transports qui a démissionné… Ally accuse les propriétaires de compagnie maritime, qui pour faire plus de profit, utilisent des bateaux qui selon la loi ne devraient plus circuler depuis des années. De plus, ils sont surchargés, alors la moindre intempérie peut être fatale.

Je sais depuis qu’il faut envoyer les voyageurs uniquement sur les « Kilimanjaro I, II, III, IV, V » (voir site). Les catamarans d’Azam Marine sont bien entretenus et recommandés par l’ambassade.

Nous longeons le port jusqu’à Ocean Road, et là je vois enfin l’océan Indien. Le long de la route, des vendeurs de noix de coco somnolent à l’ombre. Si je veux goûter? Et comment!

Au-delà, c’est Zanzibar!

Alors c’est comme ça que ça s’ouvre? Pas de marteau? Juste un coutelas de guerrier Maassaï super aiguisé, que si le vendeur il t’aime pas, il t’égorge?

Mmmh!

D’abord on boit le lait, puis le monsieur vous tend des petits bouts de chair blanche. Ça a le goût de la coco, mais la texture du calamar! Je suis contente, je ne connaissais que la chair dure qu’on peut râper.

A l’ombre

On se promène le long de la plage. Il y a des coquillages que je n’avais vus que dans les magasins du bord de mer en France. Apparemment, ce n’est rien à côté de ceux de Zanzibar. Mais ça, c’est dans trois semaines.

Je n’ai pas vu grand chose de Dar es Salaam, il paraît qu’il y a de magnifiques endroits pour la plongée. Là encore, il faudra revenir!

Mais demain, on se lève à cinq heures: on a une journée de bus pour gagner Moshi. A bientôt, l’océan, tutaonana tena!