L’aller
Et me voilà partie de bon matin sur une vieille bicyclette qui me fait découvrir par le fondement chaque sinuosité de la piste poussiéreuse. Les autochtones à vélo me dépassent aisément, même ces messieurs chargés de leur donzelle en amazone sur le guidon. Je me sens l’âme d’une aventurière avec le plan d’un trésor en tête dont un vieux sage (Avédis en l’occurrence) m’a murmuré l’emplacement: » Après la forêt, les deux villages et les rochers éboulés, au croisement, prends à gauche puis à droite avant les huttes, suit la rivière jusqu’au lac salé. Sur ta gauche tu verras de grands rocs et au sommet sur l’un d’eux, se trouve la peinture rupestre. »
La forêt est magnifique, ce sont de grands arbres dont je n’ai pas réussi à connaître le nom, des acacias? Ils ont des pics comme les ébènes. Au premier village, je m’arrête pour saluer les gens. Un babu (grand-père) m’interpelle: » Mais tu te promènes seule toi? Où il est ton mari?
– Je n’en ai pas!
– Ah bon mais alors où il est ton frère?
– En France!
– Vous les Wazungus vous êtes fous! »
Au second village, une dizaine d’enfants accourent, suivis d’une mama d’environ 40 ans. Je lui demande l’autorisation de prendre une photo d’eux. Elle ne comprend rien, me dit oui puis non… soudain surgit une bibi (grand mère) avec un téléphone portable, qui parle couramment anglais et qui a l’air très heureuse de poser. Je vais lui faire passer cette photo via l’hôpital.
En rase campagne, j’arrive au croisement. Une enseigne en bois peint indique « protégez-vous du sida ». Je pensais plutôt y lire une direction! Je prends à gauche, croise quelques charettes qui viennent du village, puis à droite, je trouve la rivière. Je la suis sur quelques kilomètres et enfin j’aperçois les grands rochers. Je pose mon vélo au pied des premières pierres, sous des arbres où sont suspendues des ruches en bois. Les quelques enfants qui font paître leurs chèvres me regardent avec de grands yeux. Au sommet, le panorama est grandiose. A gauche, le mont Hanang bien dégagé aujourd’hui, en face, le lac Balangida et ses mines de sel. En cherchant un peu, je découvre la fameuse peinture rupestre. Elle est presque effacée, on ne distingue plus le dessin original, mais on en voit les traces. Je reste un moment là, seule au milieu de cet endroit sauvage, à méditer sur nos origines. Je me sens très petite et très grande. Je me sens riche de mon aventure particulière.
Le retour
Le soleil est déjà bas, je dois rentrer. Au retour je m’arrête au bord de la rivière, sous un arbre qui produit des sortes de petites prunes blanches, que j’avais vues au marché de Dareda.
Puis je reprends le chemin de la forêt, c’est un peu la course contre la nuit qui tombe si vite en Tanzanie. Soudain, j’entends de grands craquement, ça bouge dans la forêt, je m’arrête, effrayée. Deux énormes babouins traversent le chemin devant moi. Ce sont des mâles, et je comprends qu’ils ouvrent la route pour tout le clan quand je vois débouler une trentaine de singes, jeunes mâles, femelles avec leurs petits, et de nouveau deux vieux mâles qui ferment la route. Je n’ai presque pas respiré. Ils sont de l’autre côté à présent, perchés sur des rochers, les mâles me regardent bien sûr. Je pousse mon vélo très lentement et sous leurs regards, je me fais aussi discrète que possible. je n’ai bien sûr pas eu la présence d’esprit de faire des photos…
Le soir, épuisée, je m’endors avec la sensation que j’ai vécu une journée exceptionnelle… la meilleure du voyage peut-être?
Des babouins!!! 3 articles en 1 jour ça fait plaisir!
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6 articles! ca urgeait là!
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