Babati
Malgré l’inconfort de l’autocar, le trajet d’ Arusha à Babati me fait rêver. A Makuyuni, nous croisons la route qui part vers le cratère du Ngorongoro et le Parc National du Serengeti. Plus loin, après Maguga, les portes d’entrée des Parcs Tarangire et Manyara appellent au safari. C’est l’heure de la sieste, j’imagine les lions se vautrant dans la poussière, à peut-être moins d’un kilomètre de moi.
A Babati, je dois changer de bus pour Ndareda. Quelques Blancs parlent en hollandais. Ils répondent assez évasivement à mes questions, alors je m’écarte de leur groupe. La route pour Ndareda est sinueuse et chaotique. Un grand père vient s’asseoir à mes côtés et entreprend de m’énumérer les verbes irréguliers en anglais: « fall, felt, fallen; take, took, taken » ; il se trompe beaucoup, s’acharne, se met à bégayer et transpirer « want, would… no, want, wanted, wooden…no, woollen, wait I… I don’t remember, shall is sh… shoo… should and want is doob…would, but you must say does and not do… » Autour de nous, les passagers se mettent à pouffer puis à rire franchement, car le discours du grand-père n’a aucun sens . Moi qui voulait de la conversation, je suis servie!
Ndareda
En sortant du bus, je m’assieds sur mon sac à dos pour attendre Avédis. Quelques curieux me demandent où je vais. Comme je réponds « Ndareda mission », on me prend pour un docteur. Le village s’étend de la plaine au flanc de la colline, où se trouve l’hôpital de brousse. Avédis arrive enfin, enveloppé d’une couverture massaî, armé d’un grand sourire qui me réchauffe le coeur. Nous grimpons les quelques centaines de mètres qui nous séparent de l’enceinte de l’hôpital, saluant chaque marchand au passage. Avédis semble apprécié. Il faut dire qu’il parle couramment swahili, c’est assez rare pour un Mzungu. Le courant passe très vite entre nous, je sens que je vais me sentir bien ici.
Nous passons devant la magnifique église, franchissons la grille où nous saluons le gardien, et nous
voici devant l’hôpital, constitué de nombreux petits bâtiments, modestes en tout point. Il y a des chiens partout, ce qui me réjouis beaucoup, mais Avédis m’explique qu’ils ne sont pas appréciés. Leur surpopulation est « régulée » une fois par an, quand quelques policiers viennent les abattre en masse. Une ONG de vétérinaires serait bienvenue, pour stériliser les chiens, et informer la population sur l’utilité de ces animaux: on ne les considère pas comme les meilleurs amis de l’homme là-bas, mais j’y reviendrai…
Nous traversons une bananeraie, les régimes viennent d’être coupés. Puis nous arrivons à un pâté de maisons rouges où je fais connaissance avec les deux labradors d’Avédis. Adoptés par les stagiaires précédents, ils sont reconnus comme les chiens de l’hôpital, ce qui leur confère un statut spécial. Et surprise! Je rencontre également Stefanie, une stagiaire suisse qui vient d’arriver et sera la colocataire d’Avédis pendant 4 mois. Avec elle aussi, je suis vite à l’aise. Je passe un moment à me reposer et découvrir cet endroit.
On entre par une cour fermée derrière un mur.A droite, une petite maison composée de deux chambres et une pièce au milieu; à gauche une cuisine rudimentaire, la douche et les toilettes, également séparées par des murs. Dans la cour, une grande niche pour les chiens et une table ronde en bois. Stefanie et Avédis terminent leur journée de travail vers 17h. Je suis surprise de voir que des gens passent quand ils ne sont pas là, et me voyant, s’arrêtent pour bavarder: les petites voisines, les connaissances du village. C’est ainsi que je fais la connaissance de Boni, un jeune garçon du coin qui commence ses études. C’est la période des vacances, il me propose de m’emmener en randonnée. Le soir, je demande son avis à Avédis. Il le connaît, peut m’emmener sans attendre d’argent en retour, on l’invitera à dîner pour le remercier. Stefanie est emballée par l’idée, il paraît qu’il y a des cascades pas loin, et elle ne travaille pas le weekend. On sait quoi faire après-demain!